Groupe:

Arch Enemy + Behemoth + Carcass

Date:

05 Octobre 2022

Lieu:

Ramonville St Agne

Chroniqueur:

ced12

On se croirait encore en été sur Toulouse en ce beau mercredi de début octobre. Un très beau ciel bleu et une vraie chaleur d’été indien. On retrouverait presque l’ambiance festival avec une très grosse affiche composée de quatre groupes et pas des moindres. De fait du line-up, le premier show est proposé à 18h10 et évidemment ça roule mal sur la rocade, sinon ce n’est pas marrant ! En parlant d’embouteillage, il y en a un autre sur Toulouse pour les metallleux car Cult Of Luna (accompagné des excellents Caspian) joue également en ville ce soir. Dilemme pour certains mais au final, à part des fans potentiellement frustrés, pas de soucis pour les organisateurs car les deux soirées affichent "complet" ou presque. Ça fait bien plaisir, la scène Metal toulousaine se porte bien. Bonne habitude locale, les horaires sont disponibles sur les réseaux sociaux ce qui permet de bien s’ajuster. Pratique à conserver tant c’est utile. N’empêche que du fait de ce timing, je débarque pour la fin de Unto Others, formation qui bénéficie d’une bonne hype croisant des influences rock gothique avec un heavy metal assez typé 80’s. Unto Others pour le trop peu entendu se défend bien même si les looks sont assez référencés 80’s. Avis aux amateurs.

Carcass

Belle surprise que cette tournée avec la présence de Carcass ! Sympathique aussi quand on sait que Michael Amott fut membre de Carcass avant de quitter le groupe pour monter Arch Enemy. On reste en famille donc, c'est très bon esprit. Véritable légende death, les Anglais s’étaient fait remarquer en revenant avec un nouveau disque paru en 2021 (quand le précédent datait de 2013) et on retrouve toujours le duo Jeff Walker et Bill Steer. Question mobilité, c’est assez minimaliste les trois musiciens déroulant leur death bien caractéristique sans trop arpenter la scène. Régulièrement, Jeff Walker termine les titres en présentant sa basse tête vers le haut au public, un geste devenu sa marque de fabrique. Le bassiste nous rappelle que Carcass était déjà venu sur les rives de la Garonne mais c'était il y a plus de trente ans. Le public est très réceptif, ça remue sévère dans le pit et Carcass bénéficie d’un auditoire réceptif. Bill Steer, avec son faux air de Doug Aldrich (The Dead Daisies) mais dans un style radicalement différent (et moins souriant), déroule quelques soli de grande classe. L’accent anglais bien typique de Jeff Walker rappelle les origines de Carcass qui, au final, délivre un bon show, solide, efficace bien que sans grande surprise. Comme Jeff Walker, nous espérons ne pas devoir attendre trois décennies pour les revoir.

Tracklist de Carcass :

Exhume To Consume
Buried Dreams
Kelly's Meat Emporium
Incarnated Solvent Abuse
This Mortal Coil
Dance Of Ixtab (Psychopomp & Circumstance March No. 1 in B)
The Scythe's Remorseless Swing
Corporal Jigsore Quandary
Heartwork

Behemoth

Bonne idée, le Bikini propose un coin restauration et mine de rien, cela fait du bien. L’offre reste réduite (hot-dog avec viande ou version vegan), la file d’attente est assez longue et la personne en charge (hyper efficace bien que seule à assurer le service) est bien sollicitée. Plus globalement, la zone extérieure du Bikini est superbement bien agencée avec des endroits pour se poser, bars, merchandising et la fameuse piscine en décor bien agréable. Définitivement un lieu attachant ce Bikini. A peine restauré, une IPA en main (bon choix de bières proposé !), je me place alors que le rituel de Behemoth commence. Un immense rideau blanc masque la scène et un clip récent est diffusé pendant l’intro. Lorsque les musiciens apparaissent, on découvre une scène bien construite avec des trois micros pour les deux guitaristes et le bassiste ainsi qu’une batterie surélevée. L’atmosphère est sombre et inquiétante à grands renforts de colonnes de fumée, de bandes sonores souvent présentes pour lancer les morceaux et créer ces ambiances si lugubres. Très impressionnante, la prestation de Behemoth marque les esprits. Le charisme des musiciens est indiscutable avec, au premier rang, un Nergal en grande forme et au look bien inquiétant. Orion le bassiste en impose franchement avec une carrure de golgoth. Bien aidé au chant par ses deux acolytes, Nergal peut se déplacer créant ainsi une grande mobilité qui avait un peu manqué lors du show de Carcass. Là encore, l’assistance est conquise, impliquée avec quelques pogos mais surtout un wall of death massif. Ne lâchant pas le public, Nergal communique juste ce qu’il faut. Quatre pistes du très bon nouvel album sont proposées prouvant ainsi que Behemoth ne vit pas sur ses acquis (très marquant ce "I am nothing, I am no one" sur The Deathless Sun qui ressemble à un hit !). Je les avais seulement vus une fois en festival et à grands renforts de pyrotechnie... le groupe m’avait impressionné. En format salle, ça fonctionne là encore très bien avec une bonne interaction, une atmosphère réussie, une mise en scène intelligemment chorégraphiée et une efficacité redoutable dans les riffs proposés. Du lourd !! Et de fait une musique assez accessible en dépit d’un style black / death qui peut a priori rebuter. Les puristes old-school me diront peut-être que Behemoth est devenu bien plus catchy (depuis The Satanist). Ils ont probablement raison. Mais le résultat n’en est que plus sympa et réussi pour celles et ceux qui ne sont pas forcément fans de metal extrême. Gros show, très théâtral et sacrément bien fichu. Le créneau d'une heure de Behemoth est passé à une vitesse folle. 

Tracklist de Behemoth :

Ora Pro Nobis Lucifer
The Deathless Sun
Ov Fire And The Void
Thy Becoming Eternal
Conquer All
Daimonos
Bartzabel
Off To War !
No Sympathy For Fools

Blow Your Trumpets Gabriel
Versvs Christvs
Chant For Eschaton 2000

Arch Enemy

La soirée file à toute allure alors qu'Arch Enemy n’a pas encore commencé son set. Décidément une bien belle affiche que l’on nous propose, avec des formations très complémentaires. De nouveau, un immense rideau flanqué d’un immense « Pure F…Metal » masque là encore l’installation de la scène. C’est donc caché que le groupe lance Deceiver, extrait de son dernier album dans une ambiance chaleureuse. Là encore, c’est la folie dans le pit. Arch Enemy m’avait bluffé en mode tête d’affiche de festival, je reprends une baffe ce soir. Avec une setlist basée sur les morceaux « période Alissa », Arch Enemy vit dans le présent ce qui est à saluer. D’une force de frappe redoutable (Daniel Erlandsson est un monstre !), la musique du groupe continue de générer un enthousiasme communicatif. Avec des influences 80’s bien intégrées et de plus en plus marquées, la musique de Michael Amott est incroyablement heavy et mélodique. L'équilibre est parfait, bien catchy mais sacrément solide. Jeff Loomis, qui par définition sera toujours sous-utilisé au vu de son immense talent, continue de donner la leçon à tous les guitaristes en herbe. Je trouve au passage qu’on voit moins de duels de guitares de nos deux phénomènes, eux qui en abusaient peut-être un peu par le passé. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit certainement de la paire de gratteux la plus brillante de notre époque. Ah ça joue bigrement bien !! 

Alissa est toujours aussi hallucinante comme frontwoman. Performance vocale haut de gamme, à l’aise en voix claire sur la pourtant pas simple Handshake With Hell, dynamique, souriante et archi-charismatique... le public lui mange dans la main. Elle fait chanter l’audience sur Sunset Over The Empire et ça prend super bien. Eh oui, le groupe tient là un excellent titre pour faire participer le public. Et quel motif mélodique sur le refrain !!! Arch Enemy est vraiment de la trempe des mastodontes du Metal, ce qui est archi-mérité vu la qualité proposée. Les deux extraits de War Eternal font un gros effet, l’occasion pour moi de me dire que ce grand disque est peut-être un peu sous-estimé. Je le trouve génial perso, il a un cachet à part... Moins impactant, Will To Power n’est représenté que par un The Eagle Flies Alone fédérateur. J’aurais quand même bien pris un The World Is Yours mais c’est un détail... histoire de rester fidèle à une certaine tradition bien française de « je râle ! ». Non décidément, c’est une énorme prestation proposée par Arch Enemy qui inflige une belle baffe au Bikini ce soir et clôture ainsi une très grosse soirée Metal avec un affiche somptueuse. Et je me permets de rappeler qu’Arch Enemy et Behemoth viennent de sortir deux excellents disques qui feront probablement partie de pas mal de tops en fin d’année 2022, preuve s'il en fallait de l'incroyable vitalité de ces deux formations. Belle soirée !! 

Tracklist de Arch Enemy :

Deceiver, Deceiver
War Eternal
Ravenous
In The Eye Of The Storm
House Of Mirrors
My Apocalypse
The Watcher
The Eagle Flies Alone
Handshake With Hell

Sunset Over The Empire
As The Page Burns
Snow Bound
Nemesis
Fields Of Desolation (outro)

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